En italien, faire une « scena madre » signifie « faire une scène », soit montrer avec beaucoup d’emphase une émotion. Mais la « scena madre » désigne aussi la scène principale d’un film ou d’un spectacle, celle où tout se révèle après une lente montée des indices et tensions.
Ici, tout part de sept scénarios qui renvoient à autant d’archétypes du cinéma (western, polar, comédie, tragédie, romance, etc…). Tous contiennent la même scène mère.
A partir de là, les saynètes se répètent et s’étoffent tandis que les duos, les trios s’échangent, se redécouvrent, s’élancent, font corps, dans un silence parfois ponctué de lointains échos sonores ou sur des musiques puissantes.
Avec cette pièce pour sept interprètes où l’on retrouve des fidèles danseurs et des nouveaux venus, Ambra Senatore concrétise sa référence au cinéma ou du moins à ses méthodes. Pour la première fois elle utilise volontairement ses outils de composition, comme si elle était derrière la caméra. A la manière d’un réalisateur elle guide le regard du spectateur là où elle le souhaite, joue des cuts, gros plans, contre-plans, travellings, active le suspense, accélère ou ralentit le rythme du mouvement. Tout l’agencement autour des scènes mères de films, paraissent comme découpées en petits bouts d’existence, et s’assemblent telle une expérience de collage dadaïste.
Avec cette manière de jouer le surréel, comme elle le revendique, la chorégraphe offre au spectateur une véritable expérience sensible où il est libre de recomposer son récit.
Avec cette pièce, Ambra Senatore est invitée pour la première fois au festival d’Avignon, en juillet 2017.
Création à l’occasion de la 71ème édition du Festival d’Avignon, Gymnase du lycée Mistral le 7 juillet 2017
Captation réalisée à la Maison de la musique de Nanterre
Chorégraphie Ambra Senatore
Sur scène Matteo Ceccarelli, Lee Davern, Elisa Ferrari, Nordine Hamimouch, Laureline Richard, Antoine Roux-Briffaud, Ambra Senatore
Musique originale Jonathan Selman
Conception sonore Jonathan Seilman, Ambra Senatore
Lumières Fausto Bonvini
Costumes Louise Hochet assistée de Noémie Parsy
Regard extérieur Caterina Basso, Claudia Catarzi, Giuseppe Molino, Barbara Schlittler
Direction technique Jean-Jacques Brumachon
Production CCN de Nantes
Coproduction Le Théâtre de la Ville-Paris, Le Lieu Unique-Scène nationale de Nantes, La Maison de Musique de Nanterre
Soutiens Le CNDC-Angers, La Fondazione Piemonte Dal vivo, TU-Nantes scène jeune création et émergence
L'œil de la critique
Nathalie Yokel, la Terrasse, 18 Décembre 2017